On aura atteint des sommets dans l’indécence et dans l’irrespect de la mémoire historique du génocide des juifs cette semaine avec ces petites balades des équipes de football à Auschwitz avec cameramen, photographes, reporters… Histoire de bien montrer à tout le monde combien on fait preuve d’empathie !
Alors que ces visites ont été faites sous l’impulsion voire la "commination" du président du Conseil central des juifs d'Allemagne, il est étonnant pour ne pas dire ridicule de voir certains hooligans de la pensée unique défendre bec et ongles cette balade comme étant un pèlerinage sincère et sans aucun autre but.
La présence des photographes, journalistes et cameramen met tout de même cette thèse en difficulté mais peut-être faut-il avoir vécu en Pologne pour voir l'indécence et l'impudeur de ce tourisme médiatique…
On ne donne pas l’ordre à quelqu’un d’aller se recueillir dans un endroit comme Auschwitz, on y va de soi-même sans caméras, sans chichis ni blablas…
Ainsi qu’il m’a été donné de le souligner Alvin Rosenfeld, professeur à l'université d'Indiana à Bloomington, évoquait déjà dès 1986 cette " pornographie de l'Holocauste ".
En utilisant une telle formule, Mr Rosenfeld cherchait d'abord à dénoncer une pléthore d'images, de détails, de commémorations, de musées aboutissant à une trahison de la mémoire historique du génocide des juifs, dont la conséquence inévitable serait l'oubli de la réalité de l'horreur au profit de la fascination pour son image, et une fragilisation de l'empathie.
Il est, par ailleurs, intéressant de noter que sur l’équipe allemande, seuls trois joueurs ont accepté de se rendre sur les lieux suscitant de ce fait une levée de bouclier…
L’argument défendu étant que de faire déplacer ces équipes de foot à Auschwitz pourrait sensibiliser les jeunes au racisme, à l’antisémitisme et à l’intolérance….
Une visite à Auschwitz immunise-t-elle contre la barbarie, contre le racisme ? Contre l’antisémitisme ? Contre l’intolérance ?
J’ai personnellement visité Auschwitz et je peux témoigner du doute de l’impact sur certains… J’en ai vu poser pour la photo, sourire aux lèvres devant l’entrée d’un baraquement de Birkenau…
* livre de Carolyn Dean: "The Fragility of Empathy after the Holocaust".
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